April 17, 2025

Présentation de l’organisation :

Al Bawsala est une organisation militante qui s’engage à mettre les citoyens et citoyennes au cœur du processus de prise de décision dans le cadre d’une Tunisie démocratique fondée sur le pluralisme, le progrès social, L’état de droit, l’équilibre des pouvoir et le respect des droits humains ; et ou les institutions transparentes e redevables mettent en place des politiques juste et équitables au service de l’intérêt public.

Al Bawsala opère à travers trois programmes principaux :

  • Démocratie et État de droit
  • Finances et politiques publiques
  • Droits de l’homme

Son action vise à replacer le citoyen au cœur de l’action publique en lui fournissant l’ensemble des outils nécessaires tant à la participation aux différentes étapes de la mise en place des politiques publiques qu’au suivi et à l’évaluation de l’action des élus au sein des institutions de l’État, et ce à l’échelle centrale et locale.

Al Bawsala adopte une approche fondée sur les droits de l’homme et respecte un ensemble de valeurs dans toutes ses activités et tous ses objectifs. Guidés par nos idéaux de justice sociale et de droits de l’homme, nous nous engageons à placer les intérêts et les besoins des citoyens au premier plan. En tant que partie intégrante de la société civile, nous croyons fermement à l’importance de travailler en partenariat avec d’autres acteurs, groupes et mouvements progressistes pour défendre les droits de l’homme, protéger et élargir l’espace civique et promouvoir l’engagement civique. Nous nous engageons dans les affaires publiques en tant qu’acteur indépendant et crédible afin de renforcer la confiance des gens et leur contribution à notre travail. Nous aspirons à être un acteur influent du changement pour contribuer à la réalisation de notre vision.

Depuis sa création, Al Bawsala a adopté un fonctionnement démocratique. Nous nous engageons à être transparent.e.s et honnêtes sur nos structures, notre mission, nos politiques, nos comptes et nos activités. Nous offrons des opportunités de travail égales à tous.tes les employé.e.s, guidé.e.s par les principes d’égalité des sexes et d’inclusivité.

Contexte :

La société civile tunisienne est l’héritière d’une longue tradition d’engagement citoyen et collectif. Bien avant l’indépendance, des formes d’organisation sociale et associative ont joué un rôle central dans l’émancipation nationale, la lutte contre l’occupation coloniale et la modernisation sociale. Des institutions historiques comme l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) ou encore les mouvements culturels et féministes notamment l’association Tunisienne des femmes démocrates (ATFD), ont largement contribué à forger un tissu associatif ancré dans la société.

Après l’indépendance, malgré des contextes autoritaires successifs, la société civile est restée un espace de résistance, de défense des droits et d’engagement politique et citoyen. La révolution de 2010-2011 a permis une ouverture démocratique et une multiplication des organisations de la société civile (OSC), qui ont joué un rôle majeur dans le processus de transition démocratique, l’élaboration de la Constitution de 2014 et la défense continue des libertés publiques.

Cependant, depuis le 25 juillet 2021, date du coup d’Etat opéré par le président de la République, le contexte sociopolitique a profondément changé. Le gel puis la dissolution du parlement, la concentration des pouvoirs exécutif et législatif, la marginalisation des partis politiques et la restriction progressive des libertés publiques ont conduit à une remise en cause directe du rôle de la société civile.

Cette dernière est de plus en plus stigmatisée, accusée de défendre des agendas étrangers ou de perturber l’ordre public, et plusieurs de ses membres sont victimes d’intimidations, de harcèlements judiciaires, voire de persécution arbitraire ou de campagnes de discrédit.

Depuis début mai 2024, les autorités tunisiennes ont convoqué, interrogé ou placé en détention préventive les responsables, anciens employés ou membres d’au moins douze organisations, sur la base d’accusations souvent vagues, comme des « crimes financiers » en lien avec le financement étranger ou l’assistance aux migrants. Parmi elles figurent des associations collaborant avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans le cadre du traitement des demandes d’asile.

Des ONG emblématiques comme Mnemty, active contre le racisme, ou Terre d’Asile Tunisie, engagée dans l’aide aux migrants, ont vu plusieurs de leurs responsables arrêtés ou mis en examen. Le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR) a également été visé, avec la détention de son président et vice-président pour des accusations de soutien à l’immigration illégale.

Ces attaques se sont ensuite étalées pour couvrir d’autres secteur d’interventions et s’inscrivent dans un climat généralisé de rétrécissement de l’espace civique. En Novembre 2024 sur 272 associations jugées suspectes, 182 ont vu leurs activités suspendues.

Dans ce climat tendu, marqué par la montée d’un discours officiel dénigrant les organisations citoyennes, il devient crucial de revisiter l’histoire et les apports de la société civile tunisienne, afin de déconstruire ces narratifs négatifs et de reconstruire collectivement un récit crédible, légitime et mobilisateur.

Objectif général de la mission

Concevoir et animer une journée de formation participative autour de l’histoire, des dynamiques et des mutations de la société civile tunisienne, en lien avec les enjeux contemporains et les formes émergentes de résistance et d’engagement citoyen.

Objectifs pédagogiques spécifiques

  • Offrir une lecture critique et contextualisée de l’évolution de la société civile tunisienne avant et après l’indépendance.
  • Mettre en évidence les continuités et ruptures dans les formes d’engagement associatif selon les contextes politiques.
  • Déconstruire les discours officiels actuels sur la société civile et identifier leurs fondements idéologiques et politiques.
  • Accompagner les volontaires dans l’élaboration d’une narrative alternative légitime, fondée sur l’histoire et les expériences vécues du terrain.

Résultats attendus

  • Les volontaires acquièrent des repères historiques et théoriques sur la société civile en Tunisie.
  • Ils développent une posture critique face aux discours de délégitimation.
  • Une production collective d’un récit alternatif est amorcée par les volontaires, en valorisant les apports historiques et actuels de la société civile tunisienne.

Contenus à aborder

  • Rôle des organisations sociales dans la lutte anticoloniale.
  • Société civile “tolérée” vs “contestataire” sous les régimes autoritaires.
  • Mutations du champ associatif dans les années 2000-2010 : contournement juridique, montée de nouvelles générations militantes.
  • Explosion post-2011 : pluralisation des formes d’organisation, professionnalisation, nouveaux défis (financement, centralisation, lien au terrain).
  • Depuis 2021 : criminalisation, repli, reconfiguration, émergence de collectifs et réseaux informels, changement de stratégies.
  • Défis contemporains : légitimité, représentativité, rapport aux communautés locales.

Méthodologie suggérée

  • Approche interactive et participative
  • Cartographie des acteurs historiques et actuels de la société civile.
  • Analyse de discours officiels et médiatiques sur les OSC.
  • Réflexion autour des valeurs fondatrices de la société civile
  • Réflexion sur les formes d’engagement adaptées au contexte actuel.

Livrables attendus

  • Une trame pédagogique détaillée pour la journée (structure, méthodes, outils).
  • Des supports de formation (présentation, fiches de travail, etc.).
  • Une synthèse des productions des volontaires (post-formation).

Profil recherché

  • Chercheur·se ou formateur·rice expérimenté·e dans les domaines des mouvements sociaux, de la sociologie politique et/ou de l’histoire de la société civile.
  • Bonne connaissance du contexte tunisien et des dynamiques associatives locales.
  • Capacité à articuler approche académique et pratique militante.

Durée de la mission

  • Date de la formation : 10 mai 2025
  • Préparation : 2 jours (revue documentaire, préparation de l’atelier, supports)
  • Animation : 1 journée (Samedi)
  • Restitution / synthèse : 1 jour

Modalités de soumission :

Les candidats intéressés sont invités à soumettre :

  1. Un CV détaillant leur expérience pertinente.
  2. Une offre technique présentant leur approche pour cette formation.
  3. Une offre financière incluant les honoraires et autres coûts éventuels.

Les candidatures doivent être envoyées à [email protected] avant le 30 avril 2025.